Thaïlande : Thaksin Shinawatra renvoyé en prison — une décision forte de la Cour suprême

Ce mardi 9 septembre 2025, la Cour suprême de Thaïlande a rendu un verdict sans appel : l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra doit retourner en prison pour purger une peine d’un an. Cette décision marque un tournant judiciaire et politique dans l’histoire contemporaine du pays.

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Une peine contournée, une justice réaffirmée

Condamné à huit ans de prison pour corruption et abus de pouvoir, Thaksin Shinawatra n’avait passé que six mois en détention — non pas derrière les barreaux, mais dans une chambre privée d’un hôpital de la police de Bangkok, après son retour d’exil en 2023. Une grâce royale avait ensuite réduit sa peine à un an, avant une libération anticipée en février 2024, officiellement pour raisons d’âge. Mais la Cour suprême a tranché : “L’avoir envoyé à l’hôpital n’était pas légal. Sa maladie ne constituait pas un problème urgent, et être resté à l’hôpital ne peut compter comme une peine de prison”. Le verdict ordonne son incarcération immédiate.

Une figure politique polarisante

Thaksin Shinawatra, Premier ministre de 2001 à 2006, reste l’un des hommes politiques les plus influents de Thaïlande. Sa famille, à travers le parti Pheu Thai, a dominé la scène politique pendant deux décennies, souvent en opposition avec l’élite pro-armée et royaliste. Son retour en 2023 avait coïncidé avec la formation d’un gouvernement favorable à son clan, alimentant les soupçons de traitement de faveur. Mais depuis, les revers se sont accumulés : sa fille Paetongtarn Shinawatra, brièvement Première ministre, a été destituée fin août, et le parti familial exclu du nouveau gouvernement formé la semaine dernière.

Une justice sous pression, un signal fort

La décision de la Cour suprême intervient dans un contexte de recomposition politique. Elle envoie un message clair : nul n’est au-dessus de la loi, même les figures les plus puissantes. Le nouveau gouvernement a promis qu’il n’y aurait “ni favoritisme, ni persécution, ni vengeance”.

Thaksin retourne en prison. Mais au-delà du symbole, c’est la crédibilité de la justice thaïlandaise qui est en jeu — et peut-être, un nouvel équilibre politique qui se dessine.

La rédaction.