

Nation
Actualités Politique
RDC:
Le retour controversé de Joseph Kabila ravive les divisions
Kinshasa, 02 Mai 2025 – Les tensions entre le président Félix Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila, ont connu une escalade inquiétante ces derniers jours. La situation s'est envenimée après des déclarations perçues comme provocantes de l’ancien chef de l’État, qui, au lieu d’exprimer sa solidarité avec les victimes des récentes attaques du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a semblé légitimer les actions des rebelles.
Kinshasa, 02 Mai 2025 – Les tensions entre le président Félix Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila, ont connu une escalade inquiétante ces derniers jours. La situation s'est envenimée après des déclarations perçues comme provocantes de l’ancien chef de l’État, qui, au lieu d’exprimer sa solidarité avec les victimes des récentes attaques du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a semblé légitimer les actions des rebelles.
Un soutien inattendu aux rebelles du M23
Alors que la région du Nord-Kivu est une fois de plus plongée dans la violence, avec des milliers de civils déplacés et des accusations de crimes contre l’humanité visant le mouvement rebelle M23 et ses nouveaux alliés de l'Alliance du fleuve Congo (AFC). – soutenu, selon plusieurs rapports, par le Rwanda –, Joseph Kabila a surpris en déclarant que les combattants du M23 "avaient raison". Ces propos ont immédiatement suscité l’indignation, aussi bien au sein du gouvernement que dans la population congolaise, déjà traumatisée par des décennies de conflits armés.
Pour beaucoup, ces déclarations sont perçues comme une trahison, voire une tentative de déstabilisation du pouvoir actuel. Le président Tshisekedi, élu en 2019 après une transition difficile marquée par le refus de Kabila de quitter le pouvoir à la fin de son mandat en 2016, n’a pas tardé à réagir. Des sources proches de la présidence évoquent une possible "manœuvre politique" visant à affaiblir le gouvernement en pleine crise sécuritaire.
Un retour politique calculé à Goma ?
Après avoir quitté discrètement le pays en 2020 et s’être fait discret sur la scène politique, Joseph Kabila a soudainement annoncé son intention de revenir à Goma, une ville partiellement sous contrôle du M23 et de ses nouveaux alliés de l'Alliance du fleuve Congo (AFC). Cette décision a provoqué un tollé, d’autant plus que la région est en proie à une instabilité extrême.
Pour ses détracteurs, ce retour n’est pas anodin : il pourrait s’agir d’une stratégie pour repositionner l’ancien président comme un acteur clé dans les négociations avec les rebelles, voire pour renforcer son influence en vue des prochains scrutins. Certains analystes y voient même une tentative de forcer un dialogue politique sous pression, alors que les relations entre Kabila et Tshisekedi n’ont cessé de se dégrader depuis la passation de pouvoir.
Une polarisation dangereuse pour la stabilité du pays
Cette nouvelle crise politique intervient dans un contexte déjà extrêmement tendu, où la RDC fait face à une agression extérieure, une crise humanitaire majeure et des défis économiques considérables. La division entre les partisans de Tshisekedi et ceux de Kabila risque d’affaiblir encore davantage la cohésion nationale à un moment où le pays a besoin d’un front uni.
Les organisations de la société civile et les partenaires internationaux de la RDC appellent à la modération, craignant que ces tensions ne dégénèrent en affrontements plus larges. La communauté internationale, notamment l’Union africaine et les Nations unies, suit la situation de près, alors que des élections générales sont prévues dans un avenir proche.
Réactions musclé du gouvernement
Fouilles des domiciles de l'ancien président congolais à la mi-avril, une action judiciaire a été engagée contre lui. De plus, son parti, connu sous le nom de Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), a été suspendu sur l'ensemble du territoire.
Accusé? Joseph Kabila fait l'objet de poursuites pour « trahison, crimes de guerre, crimes contre l'humanité et participation à un mouvement insurrectionnel ».
«Poursuites judiciaires»
Une démarche visant à lever son immunité parlementaire a été initiée et plusieurs arrêtés ministériels ont été adoptés, non seulement pour mettre fin à toutes les activités du PPRD dans toute la RDC, mais aussi pour restreindre les mouvements des membres de ce parti et d'autres associés à Joseph Kabila ; bloquer leurs comptes bancaires ; confiner certains de leurs biens sous scellés.
Tout s'est donc précipité en début de semaine avec les ministres de la Justice, de l'Intérieur et de la Défense agissant contre l'ancien président, désormais réfugié au Zimbabwe. Ainsi, les responsables de Kinshasa sont en mode offensif et souhaitent rapidement intensifier cette lutte contre leur ancien partenaire, avec tous les signes indiquant que Félix Tshisekedi a l'intention de frapper durement Joseph Kabila dans le but de le réduire politiquement.
Certains analystes soupçonnent cela, apportant leur soutien à la théorie du PPRD qui évoque « l'instrumentalisation de la justice, l'abus de pouvoir et le musèlement de l'opposition », désignant cette dernière comme le bouc émissaire des problèmes du gouvernement, qui est incapable d'éradiquer la rébellion dans l'est du pays.
Non, répondent les responsables congolais en citant le ministre de la Justice et Garde des sceaux : « La justice a constitué une collection maximale de preuves palpables et indiscutables qui démontrent le rôle manifeste du sénateur à vie Joseph Kabila Kabange dans les crimes de guerre, les atteintes aux droits de l'homme, et les meurtres de citoyens paisibles, civils et militaires actuellement dans la région est du pays. » Nous convions l'ancien dirigeant à se présenter devant la justice congolaise », Qui dit la vérité entre le gouvernement congolais et les partisans de l'exilé d'Harare ? Qui est derrière la désinformation ? Il est indéniable que l'ampleur des sanctions imposées à Kabila, son parti et certains de ses associés indique que la situation, suite à la dissolution de leur alliance, se transforme en une guerre politique explicite. Joseph Kabila et ses partisans ont fourni à Tshisekedi les moyens de le frapper avec des verges.On se rappelle que l'ancien président n'a pas manqué de faire preuve d'une grande abondance de paroles et de critique, frôlant la bravade à l'encontre de son successeur début 2025. Le 8 avril dernier, lors d'une de ses déclarations retentissantes, il faisait part de son retour imminent à Kinshasa, en transitant par Goma, désormais sous le contrôle du M23 et de ses nouveaux alliés de l'Alliance du fleuve Congo (AFC).
Pour le gouvernement congolais, c'était l'ultime provocation et une démonstration manifeste que Joseph Kabila est le maître de l'AFC, d'autant plus que Camille Nanga, le coordonnateur de ce nouveau groupe rebelle, entretient des liens étroits avec lui. De plus, l'ex-président ne dissimule pas ses liens « sans animosité » avec Paul Kagamé, dont on connaît les relations avec la rébellion du M23.
Conclusion : L’urgence d’un apaisement
Alors que les Congolais aspirent à la paix et à la stabilité, la rivalité entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila menace de plonger le pays dans une nouvelle phase d’incertitude. Les déclarations incendiaires et les calculs politiques doivent céder la place à un dialogue constructif, sous peine d’aggraver encore les souffrances d’une population déjà éprouvée.
La balle est désormais dans le camp des deux leaders : choisiront-ils l’affrontement ou la recherche d’un consensus pour le bien de la nation ?
L’avenir de la RDC en dépend, surtout que des pourparlers se déroulent actuellement à Doha, sans négliger les efforts américains en faveur d'une paix durable en RDC, cette lutte interne continue de sévir. Doit-on alors entamer des pourparlers dans les discussions afin que Félix Tshisekedi et Joseph Kabila s'accordent pour le bien-être supérieur de leur nation, de la région et du continent ? Wait and see !
Marcel Bondonga
Journaliste indépendant
Kabila, Katumbi, Fayulu et Sesanga demandent un dialogue national.
En République démocratique du Congo, alors que les poursuites judiciaires se resserrent autour de l'ancien président Joseph Kabila, l'opposition s'efforce de renforcer son unité. Joseph Kabila, Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Delly Sesanga ont uni leurs voix dans une déclaration historique, marquant ainsi une collaboration inédite, en particulier entre Kabila et Fayulu. Ce passage met en lumière l'importance d'une approche locale pour résoudre la crise sécuritaire dans l'est du pays, tout en pointant du doigt l'exclusion des acteurs congolais des pourparlers en cours. Il est impératif d'organiser un dialogue national impliquant les quatre signataires.
Selon leur vision, il s'agit de dévoiler les racines cachées de la crise et d'imaginer des issues pérennes.
De cette manière, ils renouvellent leur appui à l'initiative commune de la Cenco et de l'Église du Christ au Congo, qu'ils décrivent comme l'unique démarche congolaise, accueillante envers toutes les parties prenantes.Ils lancent un appel vibrant à tous les acteurs impliqués, qu'il s'agisse de l'Union africaine, des facilitateurs de Doha et de Washington, pour qu'ils apportent leur soutien à cette initiative congolaise. Ensemble, ils sont invités à harmoniser leurs actions dans le but de préserver la stabilité du pays et de la région des Grands Lacs.
En dépit de leur appréciation des accords récemment conclus entre la RDC et l'AFC-M23 d'une part, et entre Kinshasa et Kigali d'autre part, ils jugent que ces documents ne vont pas assez loin. Ils se concentreraient principalement sur les aspects extérieurs et militaires, reléguant parfois la RDC au second plan. Ils martèlent que les raisons endogènes doivent être prises en considération.
Ils pointent du doigt la Constitution bafouée, les finances dilapidées, la gouvernance défaillante, les libertés fondamentales bafouées. En plus de cela, ils pointent du doigt des facteurs externes tels que le non-respect des frontières ou l'extraction sauvage des minéraux.
Ils terminent en insistant sur la nécessité de rendre publics les accords économiques au niveau sous-régional. Leur objectif suprême : illuminer les esprits et révéler la vérité au grand jour, clament-ils.La population congolaise est pleinement consciente des défis politiques auxquels elle est confrontée et des fardeaux historiques impliqués dans les tourments actuels de la République Démocratique du Congo (RDC).
Pourtant, la population congolaise a pleine conscience des défis politiques et des fardeaux historiques impliqués dans les tourments actuels de la République Démocratique du Congo (RDC). Les Congolais se souviennent vivement de l'ère Kabila (2001-2019), une période entachée par des scandales de corruption, une gouvernance défaillante, une répression politique sévère, et la vente à bas prix des richesses naturelles du pays à des acteurs étrangers ou à une élite privilégiée.
Le come-back sur l'échiquier politique de personnalités liées à cette période, portant un discours prétendument unificateur ou démagogique, est véritablement interprété par certains comme une tentative de révision de l'histoire. Les partisans de l'ancien président Joseph Kabila, surnommés les "kabilistes", sont régulièrement pointés du doigt pour leur implication dans la gouvernance du pays,Pendant de longues années, les richesses de notre terre ont été pillées sans vergogne. Des accords douteux, tissés dans les domaines de l'exploitation minière, pétrolière et forestière, ont privé l'État de précieuses rentrées financières, pendant que des géants de l'industrie et des cercles politico-affairistes s'en mettaient plein les poches.
La répression politique se déployait avec une brutalité implacable : les manifestations pacifiques étaient violemment réprimées, les voix des médias indépendants réduites au silence, et les opposants jetés en prison ou contraints à fuir leur pays.
Le contraste saisissant : Malgré les trésors incommensurables que recèle le pays, une frange importante de ses habitants demeure plongée dans une misère profonde, côtoyant des infrastructures en ruine et des services publics à la limite de l'inexistence.
En ce jour, sous le règne de Félix Tshisekedi depuis 2019, on observe une tentative de réémergence de certains anciens dignitaires ou alliés du régime Kabila. Ils cherchent à se réinventer en critiquant le pouvoir en place ou en se posant en solutions de rechange. Pourtant, la méfiance persiste parmi de nombreux Congolais, qui doutent que ces acteurs aient fait preuve de transparence quant à leur gestion antérieure.
Il est impératif, pour faire progresser la démocratie en République Démocratique du Congo, que les dirigeants politiques, actuels et passés, assument la responsabilité de leurs actes devant la justice et la population. La transparence et la reddition de comptes sont des piliers essentiels pour avancer vers un avenir plus juste et équitable. Les paroles envoûtantes ne pourront jamais effacer les cicatrices laissées par les régimes passés.
Le souvenir reste ancré dans la mémoire du peuple congolais. C'est en puisant dans cette mémoire collective que nous pourrons aspirer à susciter un réel changement, à réclamer ardemment une gouvernance empreinte de justice et à promouvoir une juste répartition des richesses nationales.
Anna Bobier © 2019