
Ce n’est pas la République qui s’effondre, mais celle qui vacille. Et si elle vacille, c’est parce que l’ennemi ne se contente plus de combattre : il administre, forme, recrute, et impose une autorité parallèle. Pendant ce temps, Kinshasa tente de réorganiser ses forces, conscient que seule une guerre bien préparée pourra inverser la dynamique.
Une armée dans l’ombre, une République dans le brouillard
L’AFC/M23 ne se contente plus de combattre : elle gouverne, recrute, forme, déploie, et impose des règles. Elle administre Goma, régule Bukavu, et redéfinit les frontières. Avec des milliers des soldats recrutés, intégrés et présentés pour lancer un défi à Kinshasa. Près de 7000 Hommes, si ce chiffre révélé par des sources médiaques et confirmé par des rapports internationaux, n’est pas une anecdote militaire. C’est un acte de souveraineté. La rebellion recycle les anciens FARDC et impose une discipline digne d’une armée régulière.
Ni Daesh, ni le Hezbollah, ni les FARC colombiens n’ont atteint ce niveau d’organisation territoriale sans reconnaissance internationale. L’AFC/M23, elle, agit à visage découvert, avec une efficacité qui met en lumière le retard opérationnel du pouvoir central face à la menace.
La balkanisation : prophétie ou programme ?
Honoré Ngbanda l’avait prédit : la balkanisation ne viendrait pas seulement par les armes, mais par la complicité. Et aujourd’hui, cette complicité semble atteindre son zénith.
Car pendant que l’AFC/M23 consolide son emprise par la force, Kinshasa ne recule pas — il se réorganise. Certes, un dialogue est en cours, inscrit dans les cadres de Luanda et de Doha, mais il ne constitue qu’un front diplomatique secondaire. La priorité réelle du pouvoir central devrait résider dans la mise en branle d’un arsenal stratégique : réarmement, recrutement massif, formation accélérée des FARDC, et redéploiement tactique. Kinshasa devrait préparer la guerre, car elle sait que seule une réponse militaire structurée peut inverser la dynamique sur le terrain.
« Le dialogue est un outil. La reconquête est une mission. »
« Le dialogue est un outil. La reconquête est une mission. »
La trahison n’est pas toujours bruyante. Elle peut être silencieuse, dissimulée dans l’inaction, dans le refus de nommer l’ennemi, dans la diplomatie molle et les discours creux. Et lorsque cette trahison devient structurelle, le Congo sombre. L’irréversible devient une tragédie annoncée.
Kinshasa prépare la guerre
Mais il serait injuste de dire que Kinshasa minimise la menace. Au contraire, les autorités prennent très au sérieux l’occupation rebelle. C’est ce qui motive la réorganisation des FARDC : recrutements massifs, formations accélérées, renforcement des équipements, et mobilisation des jeunes dans plusieurs provinces. L’État central sait que seule une réponse militaire structurée peut permettre de récupérer les territoires perdus.
Des vagues de recrues rejoignent les centres de formation à Kamina et ailleurs, portées par un discours patriotique clair : « Nous ne laisserons jamais l’ennemi prendre même un seul centimètre de notre territoire ». Kinshasa prépare la guerre, car elle sait que la paix ne se décrète pas — elle se conquiert.
Aimé Wa Nzambi